Le Nauvrage - première partie

Etendu sur la plage, le reflux des vagues emporte négligemment ma chevelure à chaque passage.
Je me réveille, m'assois puis tente de reprendre mes esprits à l'aide du contenu de la flasque fixée à mon ceinturon. Je suis visiblement seul sur cette étendue de sable.
Qu'est-il arrivé à mes compagnons? Les reverrai je un jour?

Le soleil pointe timidement à travers les épais nuages, la tempête semble s'être calmée mais le ciel garde toujours cette lugubre teinte violacée. Les petits éclairs qui le parsème n'indiquent rien de bon.

Le tonnerre gronde au loin.

C'est pour fuir cette même tempête qui nous avait repoussés dans les grottes depuis des mois que nous avions pris la mer en espérant nous éloigner assez pour en sortir. Mais jour après jour elle semblait ne jamais vouloir finir et s'amusait avec notre embarcation comme un chat le ferai avec une souris avant qu'il ne la mette à mort.
C'est d'ailleurs ce qui avait finit par se passer, aussi soudain que prévisible, notre bateau s'était brisé de part en part.

Impossible de dire combien de temps nous sommes restés en mer ballotés ainsi comme de vulgaires ballots de paille.
Des jours peut être, des semaines très certainement.
La pénombre constante ne permettant plus de différencier les jours des nuits.
Maintenant que j'y repense cela faisait bien longtemps que je n'avais pas profité du soleil et à présent ses rayons m'agressent les yeux et me brûlent la peau.

Le tonnerre gronde à nouveau, beaucoup plus proche cette fois ci. C'est le signal pour trouver un abri.

Je me lève et me dirige vers les falaises dont des cavités grignotent les flancs. C'est en me levant je m'aperçois que le sable colle à ma peau d'une façon étrange. Bien plus que ça, il la remplace même par endroit. Malgré mes efforts pour l'ôter il semble vouloir rester.
"Voilà ce qui arrive quand on se prélasse trop longtemps sur la plage" me dis-je en continuant ma marche vers la falaise.

Alors que j'approche, je distingue des silhouettes dans l'obscurité, pensant avoir retrouver des membres du clan je m'élance vers eux en les hélant.
Mais je me rends bien vite compte qu'il ne s'agit pas de mes camarades.
Tous ont les traits tirés et en m'approchant de plus près je réalise que je ne suis pas le seul à attirer les minéraux. Aucun d'eux ne me semble agressif, et j'ai la certitude qu'ils m'accueilleraient avec plaisir s'ils n'étaient pas aussi résignés.
J'imagine que ce voyage n'était pas la meilleure idée que nous ayons eu.

Qu'importe, dès à présent je ferai en sorte de retrouver les rescapés de notre périple et de reconstruire ici ce que nous avons abandonné.

Aussi inhospitalières soient-elles, le Clan Neanias prospérera à nouveau sur ces terres.